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Oumou Sangaré – Biographie

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Passeport artiste

02/02/1968
Bamako (Mali)
Pays: Mali
Langue: Bambara
Qualité: Auteur / Chanteuse
Genre musical: Musique africaine

Elle est l’une des chanteuses maliennes les plus célèbres auprès du public occidental. Issue d’une famille originaire du Wassoulou, une région boisée située au sud-est de Bamako, où la tradition s’inspire directement des chants de chasseurs, à travers ses chansons, le timbre ample et vibrant, Oumou Sangaré dit ses convictions. Attachée à l’identité culturelle du pays, elle croit aux valeurs traditionnelles tout en pointant celles qui brident les femmes.
Biographie:

Oumou Sangaré naît à Bamako le 2 février 1968. Dès l’âge de cinq ans, elle commence à aguerrir sa voix à l’école maternelle, avec des mélodies de la tradition du Wassoulou, la région des siens, située au sud du Mali, à 120 km de la capitale. Une région où les règles de castes, ailleurs en vigueur, n’ont pas cours, où donc l’on peut chanter sans appartenir à un lignage de djeli (griots), personnages clés de la société traditionnelle mandingue, à la fois généalogistes, conteurs, historiens et chanteurs de louanges.

Oumou Sangaré n’est pas griotte. Quand elle décide de chanter, cela ne déclenche aucun drame dans la famille. Sa grand-mère était déjà une interprète adulée. Quant à sa mère, Aminata Diakité, qui lui enseigne le ton juste et l’art du chant, elle la traîne pendant des années de mariages en baptêmes. Oumou ne perd pas une miette des chansons qu’elle y entend.

Son premier concert en public est un concours organisé entre différentes écoles maternelles. Ce jour-là, elle chante devant 3000 personnes à la salle de spectacle du stade omnisports.

Ensemble national du Mali

Très tôt, elle se met à chanter dans la rue tout en vendant de l’eau, gagnant ici ou là quelques pièces. Un maigre butin qui lui permet d’aider sa mère, délaissée par son époux, dont les souffrances ont nourri plus tard son engagement contre la polygamie et pour la cause des femmes. Dans les mariages, les baptêmes, où elle commence à chanter, on apprécie de plus en plus sa voix. Dès lors, elle sait que son chemin n’est pas celui de l’école.

Elle intègre l’Ensemble national du Mali puis, repérée par le vétéran du Super Djata Band, Bamba Dambélé, l’ensemble de percussions Djoliba, avec lequel elle sort pour la première fois du Mali en 1986. De retour au pays, elle recommence à chanter, ici pour des jeunes mariés, là pour célébrer un baptême, tout en se perfectionnant au répertoire traditionnel du Wassoulou avec Amadou Ba Guindo.

1989 : “Moussolou”

Puis vient le virage décisif. Un producteur l’embarque avec musiciens et espoirs à Abidjan. “C’était très dur pour moi de quitter la rue. Le gars qui m’a convaincue de faire un album a mis deux ans pour me persuader. Il m’a même acheté une voiture!”, confie la chanteuse. En une semaine, elle enregistre au studio JBZ “Moussolou” (Les Femmes) pour le label Syllart. À sa sortie en 1989, un an après l’enregistrement pour cause de bande égarée, la cassette provoque un véritable raz-de-marée. Oumou Sangaré devient pratiquement du jour au lendemain une grande star.

Elle chante en wassoulou n’ke, une variante du bambara, ses thèmes de prédilection – exode rural, respect de la forêt, amour… –, défend la tradition mais, à l’instar de ses aînées, Nahawa Doumbia ou Coumba Sidibé, s’insurge contre la polygamie, les mariages arrangés et l’exploitation des femmes.

Des femmes qui sont nombreuses à lui écrire, du Mali, de Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso, pour l’encourager dans ses prises de position courageuses. Rebelle, Oumou Sangaré ? “Je dis ce que j’ai envie de dire et je fais les choses comme j’ai envie de les faire”, nuance la chanteuse dans un de ces larges et francs sourires qu’elle distribue à tout vent avec une belle générosité.

Carrière internationale

Elle laisse définitivement tomber mariages et baptêmes. Elle ne se produit plus que dans de vraies salles de concert et enchaîne les enregistrements : “Moussolou” en 1989 ; “Ko Sira” en 1993, enregistré à Berlin ; “Worotan” en 1996, avec la participation de Pee Wee Ellis, ancien saxophoniste de James Brown, et Nitin Sawhney. Son quatrième album, “Laban”, paru en 2001 uniquement en cassette en Afrique, se vend à plus de 120.000 copies au Mali. En 2003, paraît “Oumou”, un double-album regroupant tous ses succès, plus huit inédits dont des titres de “Laban”.

Sa carrière internationale, enclenchée en 1992-1993 après sa signature sur le label anglais World Circuit, n’a cessé de prendre de l’ampleur. Désormais, Oumou Sangaré porte le son du Wassoulou jusqu’aux oreilles du Japon, du Canada et des États-Unis, au Maroc (festival d’Essaouira en 2002, l’année où elle ouvre un hôtel à Bamako), devant le public des festivals européens…

Magnifique chanteuse au port de reine, elle reçoit en 2001 le Prix de la musique de l’Unesco / Conseil International de la Musique, pour sa contribution à “l’enrichissement et au développement de la musique, ainsi qu’à la cause de la paix, de la compréhension entre les peuples et de la coopération internationale”. Attachée à l’identité culturelle de son pays, elle reste toujours sur le qui-vive et sait prendre le recul nécessaire: “Dans la tradition, il faut faire la part des choses. Sauvegarder à tout prix les bons côtés et rejeter le reste.”

En business woman avertie, la chanteuse se lance en 2006 dans la commercialisation de 4×4. Elle fait importer les voitures de Chine, les moteurs du Japon et donne à ces modèles le nom de “Oum Sang”. Les années qui suivent, Oumou Sangaré continue à se produire tous les samedis soir à Bamako, sur la scène de l’hôtel Wassoulou, dont elle est propriétaire.

2008 : “Seya”

Sa nouvelle production, “Seya” (joie, en wassoulou), arrive en 2009 et marque ses vingt ans de carrière. Les rythmes traditionnels de la musique wassoulou y sont encore une fois irrigués de funk, la voix d’Oumou Sangaré toujours aussi majestueuse.

Peaufiné par le musicien, arrangeur et producteur malien Cheikh Tidiane Seck, “Seya” est encore plus soigné et tonique que les précédents albums de la diva. Une cinquantaine de musiciens figurent sur cet album dont Tony Allen et les anciens cuivres de James Brown, Fred Wesley et Pee Wee Ellis. Comme à son habitude, Oumou Sangaré aborde des thèmes sensibles comme les méfaits de polygamie, l’amour, l’altruisme, le combat des femmes ou les mariages arrangés des adolescents. Elle dédie le disque aux couturiers, créateurs et stylistes de Bamako qui lui ont façonné tant d’ensembles traditionnels.

Le 1er avril 2009, la Malienne est à l’Alhambra, à Paris, puis tourne ensuite dans toute l’Europe, s’arrêtant à Londres, Amsterdam, Ljubljana, Vienne…

Pour ses compatriotes, elle donne en novembre deux grands concerts à Bamako dont un au stade Modibo Keita.

Début 2010, la tournée “African Soul Rebels” dont elle est une des têtes d’affiche, avec notamment l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, l’emmène dans une douzaine de villes britanniques.

Sa renommée sur son continent natal se vérifie toujours, y compris en Côte d’Ivoire où elle se produit pour la fête de Tabaski en 2011 à Bouaké et Abidjan, puis elle prend part à la Nuit africaine au Stade de France, à Paris, avant de traverser l’Atlantique en juillet pour six concerts au Canada et sur la côte est des États-Unis. Cette année-là, tandis qu’un Grammy Award vient récompenser l’album de reprises intitulé “The imagine Project” sur lequel elle avait posé sa voix, à l’initiative du jazzman Herbie Hancock, elle s’illustre aussi dans un tout autre genre en enregistrant un duo pour l’album de Mokobé, rappeur français d’origine malienne.

Sa collaboration avec le musicien américain Bela Fleck, qui l’avait invitée en 2009 sur son album “Throw Down Your Heart vol. 3”, se prolonge en juillet 2012, mais cette fois sur scène, pour une dizaine de concerts en Europe (Allemagne, France, Espagne, Portugal, Grande-Bretagne…). Oumou Sangaré découvre ensuite de nouveaux territoires puisqu’elle joue au Mexique pour la première fois en octobre 2012.
Son pays traverse à ce moment-là une crise profonde et c’est donc naturellement qu’elle fait partie des artistes mobilisés par celle qui fut longtemps sa choriste, Fatoumata Diawara, pour promouvoir la paix à travers la chanson “Mali Ko”.

Fidèle à son rôle de porte-voix, elle ne manque jamais l’occasion de prendre la parole pour évoquer la situation qui prévaut alors au Mali, que ce soit lorsqu’elle est invitée au Ghana par la Fondation Koffi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, ou lors du Femua auquel elle participe en Côte d’Ivoire en avril 2013.
En juin, elle passe par Paris où elle joue à la salle Pleyel, puis elle se produit aux Açores, au large du Portugal, et poursuit de l’autre côté de l’Atlantique dans la petite île de Curaçao.

À l’affiche du concert qui se tient au Zénith de Paris en avril 2014 pour rendre hommage à Nelson Mandela, en compagnie d’autres chanteuses africaines, Oumou Sangaré chante quelques jours plus tard à Tokyo, au Japon, où se tient la Journée internationale du jazz.

Toujours prête à mettre son nom au service d’une bonne cause, elle entre dans le collectif d’artistes Africa Stop Ebola, et enregistre fin 2014 une chanson afin de sensibiliser et récolter des fonds pour lutter contre la maladie, en compagnie de Tiken Jah Fakoly, Salif Keita…

En 2015, tout en donnant quelques concerts, comme en Tunisie au Festival international de Carthage ou au Maroc au Festival de Fès des musiques sacrées du monde, elle démarre l’enregistrement de son prochain album en Suède, à Stockholm, dans le même studio et avec le même réalisateur que les Sénégalais Carlou D et Cheikh Lô – qui a invité la chanteuse malienne sur une chanson de son album “Balbalou” paru en juin. Fin septembre, elle se rend au Cameroun pour trois concerts, à Douala et Yaoundé. On la retrouve quelques semaines plus tard en France, à Marseille, lors d’un spectacle intitulé Les Amazones d’Afrique, créé avec ses compatriotes Mamani Keita et Mariam Doumbia (du duo Amadou et Mariam).

Invitée par la jeune chanteuse franco-malienne Inna Modja pour un duo sur l’album “Motel Bamako”, elle préside aussi cette année-là le jury du Prix Découvertes RFI, attribué à la Capverdienne Elida Almeida.

2017 : “Mogoya”

Après avoir connu quelques rebondissements dans sa phase de production, son cinquième album “Mogoya” paraît en mai 2017. Le collectif français A.l.b.e.r.t. (Vincent Taurelle, Ludovic bruni, Vincent Taeger) a été chargé de repenser la matière déjà élaborée en Suède, à Paris et Bamako. Le trio de musiciens-producteurs-arrangeurs, qui s’est illustré entre autres avec Air, Phoenix ou Sébastien Tellier, apporte une touche électro un son moderne à la musique du Wassoulou. L’album a aussi été l’occasion pour Oumou Sangaré de travailler avec le Nigérian Tony Allen, ancien batteur de Fela et légende de l’afrobeat.

La tournée d’une douzaine de dates qu’elle effectue cette année-là en Europe la mène en Suisse, au Danemark, en Grande-Bretagne et en Pologne où elle reçoit le Womex Artist Award, peu de temps après avoir pris part à la Nuit du Mali organisée à Paris devant près de 20 000 spectateurs à l’AccordHotels Arena le 23 septembre 2017. Elle se produit aussi à Rio au Brésil.

La démarche musicale expérimentée sur “Mogoya” est prolongée par “Mogoya Remixed”, commercialisé en 2018. Les titres de la Malienne ont été remixés par des artistes tels que François & the Atlas Mountain, St Germain ou Auntie Flo. On la retrouve sur scène à Marie-Galante, île dans les Antilles françaises, mais aussi Londres, Barcelone ou encore Marseille. Elle se produit le 24 mars à la Cigale à Paris.

Pour célébrer ses trente ans de carrière, elle donne un concert gratuit à Bamako en toute fin d’année, avant de revenir en 2019 sur le Vieux Continent où elle est à l’affiche de prestigieux festivals en France tels que Banlieues Bleues ou Jazz à la Villette, sans oublier la seconde édition de la Nuit du Mali. En décembre, elle se rend à Kigali au Rwanda dans le cadre du Hamwe Festival.

Alors que, de l’autre côté de l’Atlantique, la star du r’n’b Beyonce lui a emprunté sa chanson phare “Diaraby Nene” pour le projet “LionKing : The Gift”, le duo français Synapson l’invite sur son nouveau titre “Bensema” aux accents pop électro.

En mars 2020, la troisième édition du Fiwa (Festival international du Wassoulou) se tient à Yanfolila, petite ville malienne située à 100 kilomètres sud de Bamako. En tant qu’ambassadrice de la région et de sa culture, Oumou Sangaré a voulu et développé cet événement musical auquel elle prend naturellement part. Elle s’envole ensuite pour les États-Unis, afin de chanter à l’Apollo Theatre de Harlem, mais elle est contrainte de passer plusieurs mois à New York en raison de la fermeture des frontières consécutive à la pandémie de Covid-19.

Commercialisé durant ce temps, son album “Acoustic” propose de nouvelles versions de morceaux essentiellement présents sur “Mogoya”, conçues en comité restreint et privilégiant l’émotion de l’instant.

Septembre 2020

Écrit par: admin

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